a réalisé des progrès significatifs en autonomisation politique des femmes

Iman El Agouz : L’Egypte
Connue pour son soutien indéfectible aux droits des femmes, la députée Iman El Agouz, membre de la commission de la défense et de la sécurité nationale au Parlement, revient sur les avancées législatives en faveur des femmes.
Al-Ahram Hebdo : En quoi les différentes législations, en particulier celles récemment modifiées, ont-elles contribué à préserver les droits et le statut des femmes en Egypte ?
Iman El Agouz : Au cours des dernières années, l’Egypte a connu des évolutions législatives significatives en faveur des droits des femmes. Parmi les plus notables figurent les modifications apportées à la loi sur le statut personnel, qui ont renforcé les droits des femmes en matière de garde et de pension alimentaire, tout en instaurant des contrôles plus stricts pour prévenir les divorces arbitraires et les secondes unions contractées à l’insu de la première épouse.
La loi sur le travail, quant à elle, a introduit des dispositions essentielles, telles que l’interdiction de la discrimination salariale, l’extension des congés de maternité et l’obligation de garantir un environnement de travail sûr. Nous pouvons également citer les modifications du Code de procédure pénale visant à protéger les femmes contre la violence, notamment par l’aggravation des peines pour harcèlement et violences domestiques, ainsi que par la simplification des procédures judiciaires pour les victimes.
— Quels sont les principaux acquis et défis de la loi sur le statut personnel ?
— Parmi les avancées notables de cette loi, on peut citer l’octroi de droits renforcés en matière de pension alimentaire et de garde des enfants. Ces mesures visent à garantir que les femmes et leurs enfants ne soient pas laissés pour compte en cas de divorce ou de séparation. La loi a également simplifié les procédures judiciaires relatives aux divorces et aux pensions alimentaires, facilitant ainsi l’accès des femmes à la justice. Un autre acquis majeur réside dans la clarification des responsabilités financières des époux, garantissant une répartition plus équitable des pensions alimentaires. En plus, des mécanismes ont été introduits pour faciliter l’octroi de la garde des enfants, en veillant à ce que les décisions soient prises dans l’intérêt supérieur de l’enfant, en tenant compte des circonstances propres à chaque situation.
Cependant, des défis persistent. L’un des enjeux majeurs est de trouver un équilibre entre les droits de toutes les parties concernées, notamment les époux et les enfants. Il est essentiel que la loi protège les droits des femmes tout en prenant en considération ceux des pères, afin d’éviter des conflits prolongés et d’assurer une résolution juste des litiges familiaux. Par ailleurs, bien que les procédures judiciaires aient été simplifiées, leur accélération demeure une nécessité afin d’éviter les longs délais qui pénalisent souvent les femmes.
— Quelles mesures de protection la loi sur le travail prévoit-elle pour les femmes, notamment dans le secteur informel ? Et quels obstacles entravent son application ?
— La loi sur le travail, actuellement en cours de modification, joue un rôle crucial dans la protection des droits des femmes. Parmi les nouveaux acquis figure l’interdiction du licenciement pour cause de grossesse, une disposition essentielle qui protège les femmes durant la maternité et leur permet de conserver leur emploi sans crainte de discrimination. En plus, la loi impose aux employeurs de mettre en place des crèches sur le lieu de travail, facilitant ainsi la conciliation entre vie professionnelle et responsabilités familiales pour les mères. Elle garantit également l’égalité salariale pour un travail de valeur égale, ce qui représente une avancée majeure vers l’élimination des écarts de rémunération entre les sexes.
Cependant, la mise en application de ces mesures reste un défi, notamment dans le secteur informel, où travaille une majorité de femmes dans des conditions souvent précaires, sans contrat formel ni protections juridiques adéquates. L’un des principaux obstacles réside dans le contrôle insuffisant de l’application des lois. L’absence de mécanismes de surveillance efficaces expose ces femmes à des abus et à des salaires injustes, compromettant ainsi la pleine reconnaissance de leurs droits.
— Comment le Code de procédure pénale traite-t-il les cas de violence à l’égard des femmes ?
— Le Code de procédure pénale a renforcé les sanctions contre le harcèlement, le viol et la violence domestique et a mis en place des mécanismes de protection pour les femmes victimes de violences, notamment en garantissant la confidentialité des données des victimes et en mettant à leur disposition des refuges.
— Concrètement, ces lois ont-elles permis de réduire la violence envers les femmes ?
— Sans aucun doute. Ces législations ont contribué à une diminution des violences commises contre les femmes, notamment grâce à l’aggravation des peines pour les crimes liés à la violence domestique et au harcèlement. En plus, des unités de protection des femmes ont été créées au sein des commissariats de police et des campagnes de sensibilisation ont été lancées à l’échelle communautaire.
Cependant, certains défis restent à relever pour changer les mentalités et garantir une application efficace de ces lois sur le terrain. Il est essentiel de reconnaître que les normes culturelles et les stéréotypes de genre profondément ancrés influencent encore la perception des rôles des femmes et des hommes dans la société. Malheureusement, de nombreuses femmes hésitent encore à signaler les abus par crainte du jugement social. Certaines communautés minimisent la gravité des violences subies par les femmes, les considérant comme une affaire privée plutôt qu’un problème de société.
— Comment le Parlement collabore-t-il avec les conseils concernés par les droits des femmes pour traiter les questions non couvertes par la législation ?
— Nos rôles se complètent et nos objectifs se rejoignent. C’est pourquoi les différentes commissions du Parlement, en particulier celles chargées des questions relatives aux droits des femmes, coordonnent et coopèrent avec le Conseil national de la femme et le Conseil national des droits de l’homme pour élaborer des lois garantissant les droits des femmes et de la famille égyptienne. Cette collaboration se matérialise par des auditions et des études périodiques visant à concevoir des politiques adaptées aux besoins des femmes, notamment dans les zones rurales et marginalisées. Ces politiques se traduisent ensuite par des législations garantissant les droits et la sécurité des femmes égyptiennes.
— Quels sont les principaux défis auxquels les femmes égyptiennes sont confrontées aujourd’hui ? Et comment peuvent-ils être surmontés ?
— Les défis majeurs concernent la sous-représentation des femmes dans certains secteurs, la violence domestique et les inégalités salariales. Pour surmonter ces obstacles, il est essentiel d’adopter une législation plus stricte, d’assurer une application rigoureuse des lois et de renforcer la sensibilisation aux droits des femmes au sein de la communauté.
— Comment évaluez-vous les avancées en matière d’autonomisation des femmes ? Pensez-vous que des efforts supplémentaires soient nécessaires ?
— Nous avons observé des progrès significatifs en matière d’autonomisation politique, avec une représentation des femmes atteignant 27 % au Parlement et leur accession à des postes ministériels. Sur le plan économique, l’Etat a lancé plusieurs initiatives pour soutenir les petites entreprises dirigées par des femmes et faciliter leur accès au financement. Cependant, des défis subsistent, notamment en ce qui concerne l’accès au financement et à la formation. En matière d’autonomisation sociale, bien que les services de santé et d’éducation se soient améliorés, des efforts supplémentaires sont encore nécessaires, en particulier dans les zones rurales.
— Comment le système de quotas électoraux a-t-il contribué à améliorer la représentation politique des femmes ?
— Le système de quotas a considérablement renforcé la participation des femmes au Parlement et aux conseils municipaux. Pour maintenir et développer cet impact, il est essentiel de favoriser l’autonomisation des femmes au sein des partis politiques, de renforcer leurs compétences et de les soutenir dans leur engagement. C’est sur cet objectif qu’il faut désormais se concentrer.
— Quel rôle les médias et les plateformes culturelles doivent-ils jouer pour déconstruire les stéréotypes liés aux rôles des femmes ?
— Les médias jouent un rôle fondamental dans la formation de la conscience sociale. Le Parlement s’efforce de renforcer ses partenariats avec les médias, afin de mettre en lumière les problématiques liées aux droits des femmes, de lutter contre les stéréotypes de genre et de promouvoir une culture d’égalité et d’autonomisation.
— Au regard des avancées réalisées, comment envisagez-vous l’avenir des femmes égyptiennes ?
— J’aspire à une augmentation significative de la participation des femmes à la vie politique et économique, soutenue par une législation plus favorable à leurs droits et par des mécanismes de mise en oeuvre efficaces garantissant une égalité réelle. Il est également essentiel de fournir davantage d’opportunités aux femmes dans le secteur privé et de promouvoir une culture d’égalité sur le lieu de travail.